Association* de personnes souffrant de TCA
* Reconnue d'intérêt général

Ma drogue

Obsession, mensonge, vol, shoot, soulagement intense de courte durée, vécu comme une délivrance m’avait dépanné pour autre chose, volé de la nourriture chez des amis et dans la famille, annulé des rdv de travail parce que je venais de faire une crise, …  

P, qui devient indispensable pour tenir alors que paradoxalement on est tellement mal avec, perte de contrôle, mais on continue malgré TOUTES les conséquences négatives que ça entraine sur la santé, sur l’entourage, sur soi, …

Ça peut paraitre bizarre pour les personnes qui ne le vivent pas, mais personnellement, je me suis toujours sentie extrêmement proche des personnes qui souffrent d’alcoolisme ou de toxicomanie. Je me retrouve douloureusement dans tous les aspects de leur maladie : l’obsession, la perte de contrôle, le fait d’être prêt à n’importe quoi malgré soi pour arriver à avoir cette « dose » qui va nous calmer, sans laquelle on a l’impression de mourir, la honte après la crise, l’errance, les mensonges sans sourciller à l’entourage, … J’ai déjà repris de la nourriture que j’avais jeté à la poubelle, utilisé pour un « shoot » de bouffe de l’argent avec lequel on avec lequel on m’avait dépanné pour autre chose, volé de la nourriture chez des amis et dans la famille, annulé des rdv de travail parce que je venais de faire une crise, par exemple. Maintenant, souvent, lorsque j’ai beaucoup de travail à faire, d’un coup, je me sens submergée et je ressens le besoin immédiat, fulgurant, de manger pour m’aider à me concentrer et à affronter ce travail. Et si je ne le fais pas, je ne parviens pas à me concentrer. Pour éviter la crise, je dois souvent reporter le travail que j’ai à faire. Mais la plupart du temps, je culpabilise de faire ça, et du coup, je finis par faire une crise.

Presque tout me semble insurmontable et il faut que je mange « pour y arriver », pour m’aider.

Je mange pour me punir, pour me faire du mal, c’est plus fort que moi. Ou pour court-circuiter mon cerveau quand il s’emballe. Ou pour ne pas être submergée par la colère et par l’angoisse et le stress. Même quand je suis contente, il y a une barrière qui lâche et je me sens perdre le contrôle.

Ça ne dure qu’un temps bien sûr, mais j’ai besoin de ce soulagement immédiat. Le problème, c’est que ce soulagement immédiat est tellement puissant, je ne parviens pas à ne pas recommencer. Dès que j’essaye d’autres stratégies de gestion, je me sens privée, frustrée, et je finis quand même, la plupart du temps, par faire une crise. Je n’ai rien trouvé de comparable qui soit aussi puissant et qui fonctionne si vite aussi fort. 

I.

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